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Impact

   Santé publique  

Santé publique & accès aux soins • France 2025

Impact des denturistes

sur la santé publique en France

Les denturistes ne sont pas un “plus” cosmétique : ils répondent à un besoin massif d’accès aux
prothèses amovibles pour les personnes âgées, les territoires sous-dotés et les patients qui renoncent aux soins.
Cette page présente, de manière documentée, comment la denturologie s’inscrit dans les objectifs de l’OMS,
du droit européen et des politiques nationales de santé.

En bref

La France fait face à une demande croissante de prothèses amovibles, portée par le vieillissement de la population et par la persistance de déserts dentaires. Dans ce contexte, la reconnaissance encadrée des denturistes permettrait d’améliorer l’accès aux dispositifs médicaux, de réduire les renoncements aux soins et de soutenir les objectifs d’équité du système de santé.

Points clés de cette page
  • Analyse des difficultés actuelles d’accès aux prothèses en France.
  • Rôle spécifique du denturiste dans la prise en charge des prothèses amovibles.
  • Alignement avec la stratégie mondiale de l’OMS (2023–2030) et le droit européen (accès partiel).
  • Impacts attendus sur les personnes âgées, les EHPAD et les territoires sous-dotés.
  • Enjeux économiques : transports sanitaires, importations, souveraineté industrielle.

1. Une demande croissante de prothèses, des réponses encore insuffisantes de santé publique

1.1 Vieillissement de la population et besoins en prothèses

Le nombre de personnes âgées en France augmente rapidement, avec une part croissante de la population de plus de 75 ans. Cette évolution démographique s’accompagne d’une prévalence élevée de l’édentation partielle ou totale, en particulier chez les personnes en situation de précarité et dans les établissements médico-sociaux.

Même si la situation bucco-dentaire s’est améliorée dans les générations récentes, une part importante des seniors reste confrontée à des besoins de prothèses amovibles (complètes ou partielles) pour retrouver une mastication efficace, une diction correcte et une qualité de vie satisfaisante.

1.2 Renoncement aux soins et inégalités d’accès

Malgré la réforme du 100 % santé, des Français renoncent encore à la réalisation ou au renouvellement de prothèses amovibles, pour des raisons financières, géographiques ou organisationnelles :

  • temps d’attente et nombre limité de praticiens dans certaines zones ;
  • difficulté à se déplacer pour les personnes âgées ou dépendantes ;
  • reste à charge, notamment pour des solutions qui ne rentrent pas dans les paniers encadrés ;
  • complexité du parcours entre consultation, devis, fabrication et adaptations successives.

Concrètement, des personnes restent des mois, parfois des années, sans prothèse adaptée, avec des conséquences sur la nutrition, la sociabilisation, l’estime de soi et l’état général de santé.

1.3 Déserts dentaires et tension sur le temps médical

Dans de nombreuses régions, l’offre de chirurgiens-dentistes est insuffisante pour répondre à l’ensemble des besoins : soins conservateurs, actes chirurgicaux, prévention, suivi des patients fragiles et actes prothétiques. Les prothèses amovibles, qui requièrent plusieurs séances cliniques et un suivi régulier, entrent en concurrence avec d’autres priorités de soins.

Le résultat est double :

  • des patients qui peinent à trouver un praticien disponible pour des prothèses complètes ;
  • des chirurgiens-dentistes qui consacrent une part importante de leur temps à des actes prothétiques qui pourraient être confiés, en partie, à des professionnels spécifiquement formés.
Population âgée
+ forte progression des ≥ 75 ans
Les projections démographiques convergent vers une hausse rapide de la population très âgée, particulièrement concernée par la perte de dents.
Inégalités territoriales
Des zones peu dotées en dentistes
Les cartes officielles de démographie médicale montrent des écarts marqués entre territoires, avec des difficultés d’accès dans plusieurs départements.
Besoin de solutions
Prothèses mieux accessibles
Dans ce contexte, toute organisation permettant de rapprocher la prothèse du patient et d’alléger la tension sur les cabinets dentaires devient un enjeu de santé publique.

2. Le rôle spécifique du denturiste dans la prise en charge des prothèses amovibles

2.1 Un professionnel centré sur la prothèse amovible

Le denturiste est un professionnel dont le cœur de métier est la réalisation de prothèses amovibles, acteur de santé publique, de la première rencontre avec le patient jusqu’aux réglages de finition. Dans les pays où la profession est reconnue, il travaille dans un cadre réglementé, en articulation avec les chirurgiens-dentistes et les autres acteurs de santé.

En pratique, son activité s’articule autour de :

  • la collecte d’informations fonctionnelles et esthétiques auprès du patient ;
  • la prise d’empreintes et l’enregistrement des rapports intermaxillaires selon les protocoles en vigueur ;
  • la conception, la fabrication et les essais de prothèses complètes ou partielles ;
  • les ajustements et le suivi dans la durée (confort, stabilité, phonation).

Cette spécialisation permet de consacrer plus de temps à l’écoute, à la personnalisation et à la qualité de la prothèse, tout en laissant au chirurgien-dentiste la pleine maîtrise du diagnostic et des soins.

2.2 Une complémentarité avec le chirurgien-dentiste

Le denturiste n’a pas vocation à se substituer au chirurgien-dentiste et n’intervient pas dans les domaines réservés à l’art dentaire :

  • il ne pose pas de diagnostic médical ;
  • il ne prescrit pas de traitements ;
  • il n’effectue pas d’actes chirurgicaux, de soins conservateurs ou d’implantologie.

Son intervention s’inscrit après la validation de l’état bucco-dentaire du patient par un chirurgien-dentiste, dans le cadre d’un parcours de soins coordonné. Cette répartition des rôles permet :

  • de sécuriser la prise en charge sur le plan médical ;
  • d’optimiser le temps des chirurgiens-dentistes pour les actes qui relèvent de leur expertise clinique ;
  • d’améliorer l’accessibilité et la qualité des prothèses pour les patients.

2.3 Un maillon pour les personnes âgées et les EHPAD

Les personnes très âgées, dépendantes ou vivant en établissement ont souvent besoin d’un suivi rapproché pour leurs prothèses : rebasages, réparations, renouvellements adaptés à l’évolution des tissus.

Un réseau de denturistes formés et encadrés pourrait jouer un rôle clé :

  • organisation de visites sur place, en lien avec les équipes soignantes ;
  • réduction des déplacements difficiles et coûteux ;
  • sensibilisation des équipes à l’importance de la santé orale pour la nutrition et la qualité de vie.

Pour une présentation détaillée des compétences et de la formation, voir la page « Parcours de formation ». Pour le cadre juridique précis, voir « Cadre juridique » et « Accès partiel ».

3. Alignement avec la stratégie mondiale de l’OMS pour la santé bucco-dentaire (2023–2030)

L’Organisation mondiale de la Santé a adopté en 2023 une stratégie mondiale pour la santé bucco-dentaire à l’horizon 2030. Ce texte appelle les États à renforcer l’accès aux soins, à développer les ressources humaines et à réduire les inégalités d’accès. Plusieurs axes rejoignent directement la démarche de denturologie.

Axe 1
Réduire la charge des maladies bucco-dentaires
Une prothèse adaptée contribue à maintenir la mastication, la nutrition, la parole et la participation sociale, limitant les conséquences de l’édentation.
Axe 2
Améliorer l’accès aux dispositifs dentaires
Les prothèses amovibles font partie des dispositifs essentiels. Un réseau de denturistes permettrait d’en faciliter l’accès pour les populations les plus vulnérables.
Axe 3
Nouveaux modèles de ressources humaines
L’OMS encourage l’utilisation de professionnels intermédiaires et la diversification des profils pour répondre aux besoins croissants.
Axes 4 & 5
Soins de proximité & équité
Le développement de solutions de proximité, y compris en établissement et à domicile, est au cœur de la stratégie. Les denturistes peuvent y contribuer directement.

En reconnaissant un cadre d’exercice sécurisé pour les denturistes, la France disposerait d’un levier concret pour mettre en œuvre les orientations de l’OMS sur son territoire, en particulier pour les personnes âgées et les populations défavorisées.

4. Droit européen, accès partiel et convergence avec les pays qui reconnaissent les denturistes

4.1 L’accès partiel : un outil juridique déjà opérationnel

Le droit européen prévoit la possibilité d’un accès partiel à une profession réglementée pour des praticiens dont la formation est jugée comparable sur une partie des activités. La jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne est venue préciser et renforcer ce mécanisme.

Appliqué au cas des denturistes, l’accès partiel permettrait de reconnaître, sous conditions, l’exercice des activités prothétiques pour lesquelles ces professionnels sont pleinement formés, tout en laissant aux chirurgiens-dentistes la responsabilité des actes médicaux et du diagnostic.

Il ne s’agit donc pas de créer un vide juridique, mais d’utiliser un outil existant du droit européen pour encadrer une pratique déjà reconnue dans plusieurs États membres et pays comparables.

4.2 Comparaisons internationales

Dans plusieurs pays (par exemple au Canada, dans certains États des États-Unis, en Australie ou encore aux Pays-Bas), les denturistes sont reconnus comme des professionnels de santé ou des auxiliaires spécialisés dans les prothèses amovibles.

Ces pays ont mis en place :

  • des formations diplômantes encadrées ;
  • des normes de qualité pour les dispositifs fabriqués ;
  • une articulation claire avec les chirurgiens-dentistes et les autres professions de santé.

L’expérience internationale montre qu’il est possible d’améliorer l’accessibilité aux prothèses tout en préservant la sécurité des patients et la qualité des soins.

Pour une analyse détaillée, voir la page « Comparaisons internationales ».

5. Impacts économiques et organisationnels pour le système de santé

5.1 Transports médicaux et organisation des prises en charge

Pour de nombreux résidents d’EHPAD ou personnes très dépendantes, l’accès aux prothèses nécessite des déplacements en ambulance ou en VSL jusqu’au cabinet dentaire, souvent répétés pour les essais et les ajustements. Ces transports mobilisent du temps, des ressources soignantes et des budgets significatifs pour l’assurance maladie.

En rapprochant la réalisation des prothèses du lieu de vie des patients (intervention sur site, travail coordonné avec les équipes locales), un réseau de denturistes pourrait contribuer à :

  • réduire le nombre de transports sanitaires liés aux prothèses ;
  • libérer du temps pour les équipes de soins et les accompagnants ;
  • améliorer la continuité de la prise en charge, notamment dans les situations complexes.

5.2 Production locale et souveraineté sanitaire

Une part importante des prothèses dentaires consommées en Europe est aujourd’hui fabriquée à l’étranger. Cette dépendance pose des questions de souveraineté, de traçabilité et d’empreinte environnementale.

Le développement de compétences en denturologie, associées à une production locale de prothèses, peut contribuer à :

  • relocaliser une partie de la chaîne de valeur ;
  • mieux contrôler les matériaux utilisés et les conditions de fabrication ;
  • soutenir le tissu économique des laboratoires et ateliers français.

5.3 Optimisation du temps médical

En confiant les étapes prothétiques à des professionnels spécifiquement formés, dans un cadre encadré et coordonné, les chirurgiens-dentistes peuvent concentrer leur temps sur les actes qui nécessitent leur expertise clinique et leur responsabilité médicale.

Cette réorganisation potentielle des tâches s’inscrit dans un mouvement plus large de délégation encadrée et de partage de compétences, déjà à l’œuvre dans d’autres secteurs de la santé.

6. Conclusion stratégique : un levier concret pour réduire les inégalités de santé orale

La reconnaissance encadrée des denturistes ne constitue ni un renoncement à l’art dentaire, ni une remise en cause du rôle central des chirurgiens-dentistes. Elle répond à une autre question : comment organiser, de manière responsable, l’accès aux prothèses amovibles pour les patients qui en ont le plus besoin ?

En s’appuyant sur les outils du droit européen, sur les recommandations de l’OMS et sur les expériences internationales déjà documentées, la France peut :

  • améliorer l’accès aux prothèses pour les personnes âgées, les personnes dépendantes et les habitants des territoires sous-dotés ;
  • réduire les renoncements aux soins liés aux contraintes financières et organisationnelles ;
  • renforcer la qualité et la traçabilité des dispositifs, en encourageant la production locale ;
  • optimiser l’utilisation du temps médical des chirurgiens-dentistes ;
  • mettre en œuvre concrètement plusieurs axes de la stratégie mondiale de l’OMS pour la période 2023–2030.

Plutôt qu’une opposition de principe, la question posée à la France est donc celle-ci : souhaite-t-elle construire, avec les professionnels et les institutions, un cadre sécurisé pour les denturistes afin de répondre aux besoins de santé publique qui se dessinent déjà très clairement ?

Aller plus loin : formation, droit et comparaisons internationales

Cette page présente l’impact global des denturistes sur la santé publique. Pour comprendre comment la profession est structurée, encadrée et articulée avec l’art dentaire, vous pouvez consulter les ressources suivantes.

Parcours de formation encadré
Cadre juridique & accès partiel
Expériences de pays déjà légalisés
sante-publique